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Artist of the Month: Dolph Banza – Entre tradition et afrofuturisme

AMI part ce mois-ci à la découverte du travail de Dolph Banza, illustrateur rwandais à la tête de l’entreprise de création InkStain, basé à Kigali.



Nous avions été introduits au travail de Dolph par l’intermédiaire de YaAdam Fye de Fyen Network avec qui nous nous étions entretenus au sujet du lancement de la première série d’animation gambienne «Princess Halima». Celle-ci nous avait révélé que Dolph Banza était l’illustrateur qui se cachait derrière le personnage de Princesse Halima et nous avons

eu envie d’en savoir plus sur lui.


Le travail de Dolph surprend par sa grande diversité. En effet, si celui-ci réalise beaucoup d’illustrations pour la littérature jeunesse rendant hommage aux traditions culturelles africaines au sens large, il propose également des œuvres plus engagées où sont mis en scène des personnages héroïques noirs évoluant dans des univers futuristes.


Avec Dolph nous avons exploré le monde fantastique de l’illustration et de l’animation le temps d’une interview.


Pouvez-vous nous présenter Inkstain et le travail que vous y effectuez en tant que directeur artistique ?


Le dessin a toujours été mon activité favorite depuis mon plus jeune âge, je rêvais d'en faire mon métier plus tard à l'âge adulte. Après mes études j'ai travaillé comme ingénieur pendant six mois puis j'ai décidé d'arrêter et de tenter ma chance dans le domaine de la création. Après avoir travaillé pour une entreprise de création pendant deux ans, j'ai décidé de créer

ma propre entreprise car je voulais un espace où je serais capable de m'exprimer librement. À l'époque, il n'y avait pas d'école de création ni d'école d'art au Rwanda, alors j'ai dû former

mes collaborateurs pour les avoir comme employés, ce que je continue à faire aujourd’hui.


Quel genre d’illustrations réalisez-vousessentiellement? Lorsque vous réalisez une illustration, préférez-vous avoir carte blanche ou des instructions précises? Quels outils utilisez-vous?


La plupart des dessins que je fais sont destinés à la promotion de changements sociétaux, nous aidons les organisations à s'exprimer dans le domaine de l'autonomisation des femmes, de la santé et de l'éducation principalement. De temps en temps, je travaille aussi sur des livres pour enfants.


Chaque tâche comporte ses propres défis, j'aime écouter les clients avant d'ajouter mes propres idées, le résultat de mon travail est un mélange entre les instructions du client et mes propres idées ou de celles de l'équipe.


Maintenant, j'utilise l'iPad pro comme outil de dessin. Dessiner sur l'iPad, c'est comme avoir son jouet préféré comme outil de travail.



Vous faites aussi pas mal d’animation, comment vous êtes-vous lancé dans cet univers?


La montée exponentielle de la technologie a rempli le monde d'écrans, l'information sur le papier est statique, tandis qu’à l'écran elle peut être dynamique. L’animation est une illustration avec une dimension supplémentaire, tout illustrateur qui veut innover considère l'animation comme l'avenir de l'illustration.


J'ai toujours été intéressé par l'animation 2D, aujourd'hui il est facile d'apprendre n'importe quelle compétence en ligne. Je suis fier de dire que j'ai été l'un des premiers à faire de l'animation au Rwanda


Lorsque l’on regarde votre travail, l’on observe énormément d’illustrations mettant en scène des personnages noirs ou des paysages fantastiques, s’agit-il de vos sujets artistiques fétiches? Définiriez-vous votre travail comme étant influencé par l'afrofuturisme ?


En plus d'être un illustrateur, je suis aussi un passionné de science, c'est probablement la raison pour laquelle il y a beaucoup d'afrofuturisme dans mon travail.


Mon intérêt pour le dessin de personnages noirs vient de la conviction que nous devons raconter nos propres histoires en tant qu'africains. Quand je regarde les masques anciens africains, je vois des artistes qui ont eu beaucoup d'imagination pour créer des histoires mystiques qui peuvent être considérées comme l'équivalent de la science-fiction d'aujourd'hui, je pense que les artistes d'aujourd'hui ont encore un long chemin à parcourir pour faire revenir la grandeur artistique du passé.


Avez-vous suivi une formation artistique particulière où vous qualifierez-vous d’autodidacte?


Je me qualifierais d’autodidacte.


A quand remonte votre premier créatif?


Quand j'étais petit, je n'avais pas de jouets et mon jeune frère n'avait qu'un an de moins que moi. Ma mère me donnait un crayon et du papier, ça lui permettait de s'occuper de lui pendant que j’étais occupé à gribouiller. Peu à peu, j'ai commencé à demander fréquemment mon crayon et mon papier.


Qu’est-ce que cela signifie « dessiner » pour vous ?


J'ai découvert que le dessin était plus scientifique que ce que les gens pensent, pour moi le dessin est une étude de la relation entre les lignes. Cette relation entre les lignes est la raison pour laquelle vous aimez l'aspect d'un objet par rapport à un autre. C'est ce qu'on appelle le design.


Pouvez-vous nous parler de votre processus de création en choisissant une de vos illustrations et en la décrivant?


Le processus de création peut varier en fonction de la nature de la tâche, mais laissez-moi utiliser mon personnage féminin de science-fiction «K'manza» pour décrire comment je m'y prends pour dessiner.


Je m'intéresse aux sciences, à l'histoire, à la spiritualité et au design. Je cherche des moyens d'imiter tous ces sujets dans mes créations personnelles, c'est sur cette base que j'ai créé ce personnage, mon concept.


D'abord, j'esquisse différentes figures, l'esquisse est une recherche, rien n'est encore sûr sauf le but. Après l'esquisse vient le processus d'encrage, c'est là que certaines des lignes sont renforcées pour en faire l'œuvre finale. La couleur vient se joindre à l'encre, à ce stade, l'esquisse initiale a disparu. La couleur ne doit pas être un simple élément d'embellissement mais plutôt un élément de narration. La mise en page est faite lorsque j'ai une illustration entièrement colorée, elle consiste à placer l'illustration avec d'autres éléments comme le texte ou le fond.


Il y a peu nous avons interviewé YaAdam Fye de Fyen Network sur leur dernier projet la série «Princess Halima». Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec les sœurs Fye pour lesquelles vous avez dessiné le personnage de Princesse Halima?


J'étais heureux de donner vie à la Princesse Halima, ce projet m'a poussé à explorer l'ancienne culture peul (foulani) en termes de tenues vestimentaires, d'accessoires, d'architecture, etc. J'ai aimé la symbiose que nous avions développée avec les sœurs Fye pendant que nous travaillions sur le projet, mais je n'ai pas continué le projet parce que je traversais une phase difficile avec ma société à l'époque.


Avec quels autres partenaires majeurs avez-vous eu l’occasion de collaborer?


J'ai collaboré et je collabore encore avec des gens du monde entier, mais surtout avec des gens qui ont des liens avec le Rwanda en particulier, ou l'Afrique en général.


Vous êtes basé à Kigali, au Rwanda, êtes-vous familier avec la communauté artistique locale ? Participez-vous à des manifestations artistiques au Rwanda ?

La scène artistique de Kigali fait son chemin, la plupart des artistes travaillant dans les mêmes domaines se connaissent, j'aime assister aux expositions et passer du temps avec d'autres artistes.


Sur quoi travaillez-vous actuellement à Inkstain ?


En ce moment, je réalise un livre pour enfants sur la santé bucco-dentaire pour une association nigériane à but non lucratif et une série de jeux d’animation pour une organisation internationale qui met le jeu au centre de l'éducation des enfants.


Où peut-on voir votre travail ?


Vous pouvez voir mon travail sur ma page personnelle Instagram, sur la page Instagram d’InkStain et aussi sur le site internet d’Inkstain.


Que souhaiteriez-vous réaliser dans les 5 prochaines années ?


Je veux m'éloigner de l'univers de la commission et faire place à mon expression personnelle, pour cela je vais devoir changer complètement mon modèle de revenus.


Je veux octroyer une place plus importante à la science et à l’Afrique (ancienne et future) dans mes créations.


Échange initialement réalisé en anglais


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